NOTES

 

En fait de « vieux fabliaux », Hugo emprunte la « preuve » qui suit à son fils, plus exactement à la longue citation que ce dernier fait du livre d'Edmond Spenser (nommé plus bas par Hugo), The Faerie queene, dans une note de sa traduction du Songe d'une nuit d'été (ouvrage cité, p. 308 et suiv.): « [...] et voici comment il établit leur généalogie:

".... Tout d'abord Prométhée créa un homme, composé de différentes parties des bêtes [...] L'homme ainsi fait fut appelé Elfe (Sylphe), c'est-à-dire Rapide [...] il rencontra dans les jardins d'Adonis une splendide créature [...] il l'appela la Fée [...].

Du Sylphe et de la Fée, il naquit vite un peuple immense, et des rois puissants [...] Le premier et l'aîné qui porta ce sceptre fut Elfin. A lui toute l'Inde obéit. [...] Après lui vint le noble Elfinan, qui jeta les fondements de Cléopolis. Mais ce fut Elfinin qui l'entoura d'un mur d'or.

Son fils fut Elfinell qui vainquit les méchants lutins en bataille sanglante. Mais Elfant fut le plus renommé, qui construisit Panthée toute de cristal. Puis vint Elfar qui tua ses deux frères géants, dont l'un avait deux têtes et l'autre trois. Puis Elfinor qui fut habile en magie. Il construisit par l'art sur la mer miroitante un pont de cuivre dont le son imitait la foudre du ciel.

Il laissa trois fils qui règnèrent successivement, et eurent leurs descendants pour légitimes successeurs, en tout sept cents princes qui [...]. [...]

Après eux tous, Elphicléos règna, le sage Elphicléos [...]. [...] Il laissa deux fils. Le bel Elféron, le frère aîné, mourut avant l'âge, et le puissant OBERON remplit sa place vide, au lit nuptial et sur le trône.

[...] Il laissa en mourant la belle Tanaquil pour lui succéder, en vertu de sa volonté dernière. Nulle vivante à cette heure n'est plus belle et plus noble.[...] Aussi appelle-t-on Gloriana cette glorieuse fleur. [...]"

Telle est, selon Spenser, la Genèse de la féérie. Les fées ont une origine titanique. »

A cette généalogie Hugo ajoute Mab dans une succession qui en fait la fille d'Obéron.

Un peu plus loin, c'est sa femme conformément à une autre note de François-Victor Hugo (p. 305) qui identifie Titania et Mab: « La reine des fées était connue de l'Angleterre shakespearienne sous deux noms différents: Titania et Mab. Titania est un nom d'origine latine [...]. Mab est un nom d'origine septentrionale. »

La broderie latine au bas de ce conte est de Hugo; il sait que la femme de Tarquin l'Ancien, roi de Rome, se nommait Tanaquilla; leur gendre, remarqué et choisi très jeune, est Servius Tullius, qui succédera à Tarquin. « La mémoire de cette femme illustre fut en si grande vénération dans Rome pendant plusieurs siècles qu'on y conservoit précieusement les ouvrages qu'elle avoit filés, sa ceinture, et une robe royale qu'elle avoit faite pour Servius-Tullius. C'est elle qui fit la première de ces tuniques tissues, que l'on donnoit aux jeunes gens, quand ils se défaisoient de la praetexta pour prendre la robe virile. » [Dictionnaire de Chaudon et Delandine, article Tanaquille.)

En revanche, Numa, premier roi de Rome après Romulus, n'a aucun lien de parenté ni avec Tarquin, ni avec sa femme.

Enfin, dans Huon de Bordeaux, Obéron a bien pour père Jules César et pour mère une reine des fées, Morgue, nom différent de Gloriana, mais apparenté.